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GÉRALD GENTY « Marchons sur Mars »

(27/10/2023 – 30 février / PIAS)

Voilà un nouveau disque enregistré dans des conditions presque live et plus organiques assez inédites pour le chanteur, avec le fidèle Julien Carton aux claviers, le renfort à la basse de Benjamin Glibert (Aquaserge…), et la chance d’avoir convaincu Mathieu Boogaerts de tenir la batterie. Le virage amorcé avec son précédent album Là-haut ressemble plutôt à une ascension voire à un décollage. Vers les cieux, le podium ou l’au-delà ? Un peu des trois tant les grands espaces (Sans lac sans Vosgien…), le sport (S’y mettre un jour…) et la mort traversent encore une fois et plus que jamais ce nouveau disque. En douceur et dans l’espoir (Marchons sur Mars, Encore en vie…), puisant dans la limpidité des chansons simples de son frangin (Série américaine), s’autorisant aussi bien à être subtilement poignant (Vider les lieux) que plus léger (Tralalaponie, CherNobyl) et même à boucler la boucle (Le bain), Gérald Genty réussit la gageure d’offrir à la fois la chaleur et le frisson.

JEAN-PHILIPPE GOUDE « Le Salon Noir »

(13/10/2023 – Ici d’ailleurs / L’Autre Distribution)

Tirant son nom d’une grotte de l’Ariège où nos lointains ancêtres se sont interrogés par la création sur le mystère insondable et permanent de leur présence au monde, ce double-album marque le retour du compositeur, qui s’était fait connaitre pour ses arrangements (Mistral Gagnant de Renaud) ou ses génériques télé et pub, avant de constituer un répertoire classique par sa forme, mais sachant mêler exigence contemporaine et évidence mélodique. Il y retrouve entre autres le contre-ténor Paulin Bündgen, qui comme sur Disparaître à nos vies tient une part décisive à la beauté aérienne et mélancolique de certaines pièces. Intemporel.

MANU LOUIS « Copy Club »

(29/09/2023 – Igloo Records / Socadisc)

Le Belgo-Berlinois imagine un monde Flou où chacun se verrait remplacé peu à peu par son Clone (1er single entêtant), où tout deviendrait tellement uniformisé que le seul îlot de résistance serait un vieux magasin de photocopies, car incapable de reproduire un original sans le changer. Lorsque Economy (autre single orienté dancefloor foutraque) et Ecology n’incitent qu’à s’enfuir, où se réfugier ? Avec ses quelques invités passant de l’Anglais au Français suivi d’une touche d’Espagnol, et recyclant sans vergogne chanson française, indie-pop, ou electro avant-gardiste, l’ex-Funk Sinatra propose au moins un petit moment d’échappatoire fort bienvenu, arty mais accessible, expérimental mais dansant.

TRUNKS « We Dust »

(13/10/2023 – Il Monstro / L’Autre Distribution)

Un casting de choix : à la batterie Régïs Boulard (NO&RD, Sons of the Desert), à la guitare Stéphane Fromentin (Yes Basketball, Ladylike Lily), à la guitare également et au chant Florian Marzano (We Only Said), au saxophone Daniel Paboeuf (Marquis de Sade, DPU) et à la basse et au chant Laetitia Shériff. Formé en 2003 pour l’anniversaire du Jardin Moderne avec des musiciens rennais qui y répétaient, ce “supergroupe” aurait du être éphémère si la magie et l’amitié réunissant ses membres ne les avaient poussés à tourner et sortir des disques durant une dizaine d’années. Mais rien depuis 2013, chacun ayant fort à faire. L’envie était pourtant toujours là et s’entend dès le premier single Les belles choses, cette force pour traverser les épreuves de la vie parce qu’on a la chance d’être ensemble. Servis par la réalisation de Thomas Poli, avec quelques instrus riches (O.B.O…), des montées en puissance impressionnantes (Blood on Poppies, Edgeways), et des créations purement collectives où chacun apporte sa touche (Memotrunks), cet album rappelle combien le rock au sens large, et justement, a encore bien des choses à dire, surtout lorsqu’il vient d’une de ses capitales. 

BRUIT NOIR « IV/III »

(15/09/2023 – Ici d’ailleurs / L’Autre Distribution)

Le nouveau Bruit Noir est encore pire donc encore mieux que les deux premiers. Voire que les trois premiers, mais ça on ne saura jamais car ils sont directement passés à l’album « IV/III ». Comme si Pascal Bouaziz et Jean-Michel Pirès voulaient d’entrée de jeu écarter l’idée de « dernier album » après s’être échappés de Mendelson. Des punchlines un cran au-dessus des rappeurs quitte à les prendre dans leur propre tronche (« Daniel [Darc] c’était une cathédrale, toi t’es qu’un putain d’Algeco » – Béatrice), eux qui se sentent « vieux-vieux-vieux » (Coup d’état), un climax qui s’appelle Tourette, l’envie de choquer certes mais aussi dans le bon sens du terme (édifiant Le visiteur), des instrus abrasifs où vient s’écorcher le fakir Bouaziz… Et plus il s’agite, plus il se fait mal et nous fait du bien, dans la méchanceté (ArtistesChanteur engagéCalme ta joie) ou dans une certaine émotion (Petit PrinceCommuniste), mais crue, à vif, sans le moindre couvercle du sur-moi sur ce moteur à plein régime de fiel, de tendresse et de mauvaise foi. « C’est parti pour l’album de trop » (et tant mieux).

FESTIVAL HOP POP HOP 2023

(15-16/09/2023 – Orléans)

Pour sa 8ème édition, le festival basé comme toujours sur l’émergence, investira une nouvelle fois les lieux emblématiques de la ville : la Salle de l’Institut, le Jardin de l’Évêché et le Campo Santo auquel viendra s’ajouter une nouvelle scène : la Micro Campo ! C’est 30 artistes/groupes que nous accueilleront cette année, toujours de styles musicaux et d’origines très variés, afin de satisfaire tous les goûts. Si certains sont déjà bien repérés (Astéréotypie, Gilla Band, David Walters…), d’autres ne vont pas tarder (Cate Hortl, Eloi, Ben PLG, Ada Oda, Kutu…), venez les découvrir !

ADÉLYS « Toutes les fenêtres et les ruisseaux »

(01/09/2023 – 3C / NMAS / Absilone / Baco Records)

Adélys c’est « la fille en jaune », qui sur son premier album s’attache à faire entendre une voix au féminin sur un format chanson-électro énergique ou plus intimiste, à dresser des ponts entre la ville et la nature, entre sa Normandie natale et Bruxelles ou Montréal qu’elle affectionne. C’est d’ailleurs au Québec qu’elle a rencontré la française Mell qui a co-produit ce disque, tentant d’y faire passer la liberté de mouvement que se donne l’artiste sur scène, espace qu’elle occupe avec conviction. Une parole féminine (Ton corpsL’araignéeOttawa Chambre 703La montée des eaux…), des grands espaces (Tornetrask) même au cœur de la ville (Bruxelles les voilesComme un arbre…), des idées plein Les tiroirs, une conscience en phase avec l’époque (Ecoutez le nord) : Adélys va en embarquer plus d’un avec son énergie communicative. 

XAVIER PLUMAS « Rose-amère »

(26/05/2023 – La Lézarde / L’Autre Distribution)

Le leader de Tue-Loup continue de collaborer avec le bassiste franco-malgache de sa formation d’origine Eric Doboka, invitant même des membres de ses autres groupes, Berikely & Zama et March Mallow, où figure sa nièce Astrid Veigne et sa voix gorgée de soul (déjà entendue aux côtés des sarthois). Avec également le pianiste Christian d’Asfeld et le saxophoniste Cédric Thimon, ils ont enregistré totalement en live, dans un esprit jazz 70s. En résulte une liberté, une joie même, un soleil presque qu’on ressent dès le premier single Sous un ciel bleu. Xavier Plumas est au sommet de son art, comme en témoigne par le saisissant Frais comme la langue, très représentatif de son écriture singulière. Mais il emprunte aussi parfois les mots des autres : ceux de René Daumal dont le livre Rose-amère donne son titre à l’album, ceux de William Blake sur The Tyger (en anglais), et ceux de la peintre antillaise qui a offert son beau visuel à l’album, Agnès Paspire, sur Moi pas parler. Elle lui a offert aussi l’inspiration, celle du titre miroir et second single Toi parler, agréable preuve que la plume alerte de Plumas peut aussi exceller sur des accords majors et des ambiances plus légères qu’à l’accoutumée. En douceur et mieux que jamais, Xavier Plumas nous fait voyager bien au-delà de nous-mêmes…

ANTOINE HÉNAUT « Album 46 »

(19/05/2023 – 30 février / PIAS)

De la chanson si bien écrite qu’elle peut se permettre d’être pas-electro-du-tout (Les gens qui vivent trop longtemps), rock seulement quand c’est l’idée (Chanteur amateur), chaloupée à l’occasion (Jour sang), un peu reggae parfois (Mes parents rock’n’roll, À l’imperfection), délicieusement ternaire souvent (Michel et Océane, Le Syndrome de Stockholm, Sans toit). Le belge excelle dans les exercices de style faussement faciles, comme la brève pochade Olé ! (sûrement pensée pour la scène où sa réputation le précède) ou la poilante et maligne mise en abyme Pop en l’air. Si son 3e album est marqué par la paternité et ce qu’elle implique pour les parents (Entre nous) comme pour les enfants (J’ai pas demandé), Antoine Hénaut ne s’est pas replié sur lui-même et n’a rien perdu de son goût pour les autres. C’est parce qu’il aime les gens qu’il sait comme personne dresser des portraits, ne laissant personne sur la touche. De la tendresse et du brio.

FREDDA « Phosphène »

(12/05/2023 – Microcultures / Kuroneko)

Si c’est plus qu’une brise légère qui a inspiré Vent diable le premier extrait de cet album, c’est un vent de liberté qui souffle sur ce nouveau disque, enregistré avec le complice habituel Pascal Parisot, mais aussi le renfort de la bande de Matt Low (The Delano Orchestra, Murat…). L’écriture et la voix de Fredda sont plus lumineuses que jamais (Nordique Ophélique, Long…), les mélodies s’immiscent vite (Viens avec moi, Dorveille…) : comme une Phosphène sous des paupières fermées, chaque nouvelle chanson laisse une trace aux couleurs subtiles.