C’est au texte de la chanson Détour que le franco-québécois avait emprunté le titre de son album paru à la fin de l’été, La mélodie, le fleuve et la nuit. Minière s’amuse ici à proposer une convaincante version alternative de la chanson, groovy et nonchalente, puis la revisite en mode électro déstructurée avec les chœurs de sa fille Fé, et conclut par une version instrumentale où le piano et l’évidence mélodique nous emportent en douceur vers de chaudes nuits d’été…
Adélys c’est « la fille en jaune » qui installe sa chanson électro dans le paysage en tournant partout, seule sur des scènes dont elle occupe l’espace avec conviction. Avant une série estivale à Avignon puis la sortie de son 1er album co-réalisé avec Mell, on la découvre sur ce titre entêtant : L’Araignée, animal mal aimé et symbole de la femme créatrice. Les percussions de l’intro sont comme des coups de boxe sur un ring où elle se bat face au vieux monde, décor d’un clip où le Noble Art se fait chorégraphie. Tout en douceur, comme le danseur Philippe Priasso, on finit au tapis…
Après 6 ou 7 ans d’absence durant lesquels il a tourné avec sa compagne Klô Pelgag et publié un recueil de poésies un peu trash dont il a repris le nom pour son troisième album, le québécois VioleTT Pi est de retour. Baloney Suicide se place sous une sainte trinité pour le moins surprenante qui réunirait Mr Bungle, Nirvana et Gilles Deleuze ! Un premier single très pop (Celui qui attend), mais en forme de fausse piste : la folie n’est jamais loin (Bipolaire, Jeté au monde comme un trophée…), comme la souffrance qui oblige pourtant à s’accepter comme on est (Aubade Juvénile, Pollen Saturnien). Musicalement, chaque chanson est souvent un échafaudage vertigineux car VioleTT Pi n’aime poser des repères que pour les faire exploser (Butane). On sort un peu secoué mais grandi de cette exploration avec lui d’un « suicide pour de faux », un peu plus vivant aussi : « je vois des lueurs dans le noir infini« …
Après son dernier album Akene qui nous renvoyait dans la parenthèse presque insouciante du tournant 75/85, le valentinois donne comme prévu une suite à son uchronie 2029. Un avenir où deux sociétés distinctes se mettent en place : d’une part le régime officiel géré par la nouvelle noblesse et ses droïdes, d’autre part la Communauté du Nord, zone tolérée, constituée d’agriculteurs, scientifiques, poètes, garçons et filles de joie. Voici le nouvel épisode du western social où Gontard et le narrateur-miroir Akène Guetno nous entrainent dans leur parcours, ambiance corde et potence (Ce qui restera de nous), Ballades mélancoliques (Juste quelques flocons qui tombent, Allonsanfan…) et remises à jour 2.0(32) du rocksteady (Seul le croque-mort a pleuré) ou de sonorités et ambiances un peu indiennes / un peu hippies (La nuit disparue, Krishna 2032). Horizon musical élargi donc, mais toujours au service du propos, journalisme social et critique d’un monde d’après, où restera l’espoir de faire Reset…
Complice de Gontard à la production ou aux claviers, Ray Bornéo met fin avec ce disque à 20 années d’un parcours chaotique mais passionnant, celui de son désormais one man band Tara King Th. Avec Erik Stefanini (déjà co-auteur de Fantaisies Stellaires), il a écrit l’histoire d’une jeune femme, Yelena, qui part seule pour un long périple vers l’inconnu au coeur de l’immensité Russe, à la recherche d’un peuple mystérieux et ancestral du Kamchatka qui pourrait la sauver, elle et ses proches, d’une terrible menace. Macha a traduit en russe les textes de cet album et se les est appropriés pour retranscrire et incarner parfaitement les différentes facettes du personnage principal, tantôt douce et fragile, tantôt farouche et déterminée. Appuyé par la chorale de poche de la jeune Zel (également signée chez Petrol Chips), les sons synthétiques inventifs, les orchestrations ultra-baroque et la dextérité mélodique de Tara King Th. nous entrainent dans une sorte d’opéra-indé sans équivalent. À qui aurait peur de se frotter à la langue d’un vilain dictateur, on rappellera qu’il n’est rien face à l’immensité de ce pays qu’on visite ici par l’imagination, de La traversée du Kamtchatka (Переход Камчатки) à l’implacable force de Одержимые Тундрой (Les Possédés de la Toundra) en passant par la fascinante beauté de Балет падающих листьев (Le Ballet de feuilles mortes).
Après une enfance aux USA (comme ses grands frères d’Uncommonmenfrommars), Forest Pooky a passé son adolescence en Ardèche. S’il a depuis emménagé à Lyon, promené son « folk-punk » en solo sur plusieurs continents pour plus de 1000 concerts et publié quelques splits EP et autres recueils de reprise, c’est ici seulement son 2e album. Il le défendra sur scène en quartet. Du moins tant qu’il y prendra du plaisir, ce qu’il raconte sur le premier single If I Get Sick of It (et son clip sur le mode « que faire d’autre ? »), juste ce qu’il faut d’anachronisme pop dans les chœurs et les guitares gorgées d’accords majeurs pour mettre un peu de soleil. Il sait aussi se faire plus tendre et un peu crooner sur Voice of Silence, Jojo ou Fog voire Crazy Heart, sans pour autant délaisser l’énergie (The Ceiling and the Floor, What You Gonna Do), mais souvent simple et pop (Wallflower, I Know What Love Is). Chaleureux et attachant.
Single (07/03/2023 – Only Lovers Records / Kuroneko)
Avec le renfort de son amie et compatriote Emily Jane White (et toujours de Julien Pras), Helen Ferguson emprunte à la danseuse-feu-follet Lucia Joyce le titre de cet hymne à l’émancipation, féminine et au-delà.
Sébastien Jamet a bourlingué un peu partout avant de revenir se poser du côté de St Brieuc. Au cours d’un de ses voyages, il est bénévole pour aider des paraplégiques à plonger : la sensation de liberté retrouvée en apesanteur par ces derniers inspirera sa musique et le nom de son groupe, Levitation Free. Face à la violence du monde illustrée par le superbe clip du 1er single When Your Sun Goes Down, il répond à sa manière avec un message d’espoir en forme de dream pop, essentiellement anglophone et sous influence Tame Impala certes, mais pas seulement. En témoignent entre autres le francophone Alessandrie ou l’entêtant Can’t Be Losing You. Prometteur.
Avant de remonter sur scène avec Thomas Bouetel aux machines et l’ex-bassiste de Marc Seberg Pierre Corneau sous le nom de KaS Product Reload, Mona Soyoc publie ce qui n’est ni un best of ni un tribute à son complice Spatsz, disparu en 2019, mais un hommage à travers 18 titres parcourant leur discographie, du début des années 80 jusqu’à des inédits qui sortent également en 45 tours sous le nom Indoor Lyfe, à savoir une version revisitée d’Above, ainsi que Foreign Land, Miracles, Taste Eternity et Doors. Un héritage, mais bien vivace.
Un premier album mais un groupe qui a pour ainsi dire commencé il y a 25 ans, le temps pour Nicolas Cuinier (Gogo Charlton…) d’amener à maturité des chansons empruntes de sa grosse culture pop 90s, faussement fragiles mais vraiment attachantes. Tandis que Spirit On la plus ancienne (et premier single distillé quelques mois avant) s’inspire assez ouvertement de Superchunk, on entendra façon plus diffuse des influences allant de Cure à REM en passant par The Wedding Present, Daniel Johnston ou les Charlatans au gré de titres alternant accords plutôt majeur (Manage Somehow, I’m Getting Bored, Too Much of a Girl) ou plutôt mineurs (Is This Really Pleasant ?, Almost Four, A Promise of Nothing, Break-up Song), au gré logiquement des aléas de la relation amoureuse qui les a inspirées…