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IGNATUS single « L’ombre »

(15/10/2024 – Ignatub / Inouïe Distribution)

Après avoir repris Jean-Luc Le Ténia qu’il signa sur son label Ignatub (créé à la fin de son groupe Les Objets,) ignatus va enfin donner une suite à l’album [e.pok], largement salué à sa sortie en 2017. Dans un esprit proche du Détroit de Béring qui en était issu, on commence avec un premier extrait mélodique et poétique, porté par son clip sylvestre et aérien : l’ombre. Un piano, une voix et des sons mystérieux qui enveloppent, un titre écrit et composé dans le cadre d’un atelier dans un hôpital dédié aux soins psychiatriques. Une chanson qui soigne.

Festival HOP POP HOP 2024

(13-14/09/2024 à Orléans)

C’est déjà la 9e édition de l’événement, imaginé dans le centre-ville d’Orléans pour démarrer la saison avec un panorama d’artistes émergents tous styles confondus, rendez-vous installé par le joli palmarès de repérages accumulé jusqu’ici. Aux côtés de quelques valeurs sûres (Kokoko!, Moonlight Benjamin, Karkwa), les paris sont ouverts pour les découvertes qui feront dire « j’y étais » : Fat Dog, UTO, Johnny Jane, Lalalar, RVG, Eesah Yasuke, Loverman, Noor, Alo Wala, entre autres… Quiconque a mis les pieds au moins une fois à Orléans pour notre petit festival le sait : Hop Pop Hop, c’est là que ça se passe !

Compilation RADIO ALICE « The Infamous Broadcast »

(23/08/2024 – Ici d’ailleurs / L’Autre Distribution)
Le 12 mars 1977, en plein direct, les carabinieri font intrusion dans le studio de Radio Alice, antenne pirate qui émet alors depuis un peu plus d’un an dans la ville étudiante de Bologne : la fin subite d’une aventure qui pourtant marquera profondément l’histoire culturelle italienne, et celle de la radio partout en Europe. Jusqu’à donner son nom et son inspiration à ce que son initiateur Andrea Stillacci décrit comme « une déclaration conceptuelle sur la liberté et la censure », ou encore « une exploration de la tension ». Il l’a confiée à des artistes italiens, musiciens (Distorsonic, Xabier Iriondo, Paolo L.Bandera) et musiciennes (Alos, G.A.Z.A, Julinko) issus de la scène expérimentale, noise, indus, doom, electro… Sans concession, un peu rital mais surtout radical.

MELAINE DALIBERT « Eden, Fall »

(24/05/2024 – Mind Travels / Ici d’ailleurs / L’Autre Distribution) – Dressant un pont entre l’univers des musiques dites « classiques » et la frange ambient de la collection Mind Travels, le compositeur et pianiste Rennais fait ici un retour à la composition algorithmique, mise de côté pour ses précédents disques Shimmering et Magic Square, plus intuitifs. Disparue l’an dernier, c’est la pionnière de l’art génératif Véra Molnar qui l’initia à cette rigueur conceptuelle dont il dit qu’elle « peut faire basculer la géométrie vers la poésie ». En trois pièces aux durées radicalement différentes, Melaine Dalibert questionne en musique notre rapport au temps. Entre le long printemps extatique d’Eden et la tension finale de Fall aussi implacable que le retour de l’automne, le court Jeu de vagues se fait solstice à la frontière de ces deux opposés. Subtil équilibre, espoir d’un éternel recommencement…

OTOMO DE MANUEL coffret DVD/CD « So Young But So Cold / Who Killed Nancy »

(26/04/2024 – Ici d’ailleurs / L’Autre Distribution)

De KaS Product à Winter Family en passant par Geins’t Naït, Oto ou Dick Tracy, jusqu’au label Ici d’ailleurs, Nancy aura vu naître au début des années 80 une scène post-punk prolifique, débridée, expérimentale, DIY, et dépassant souvent le strict cadre de la musique pour embrasser sans complexe d’autres disciplines, s’étendre sur les 90s et influer sur les décennies suivantes. Issu de la scène underground Nancéienne, Otomo De Manuel nous plonge dans cette fascinante effervescence à travers deux documentaires : So Young But So Cold (82′) riche de nombreux témoignages, et une version plus courte déjà projetée sur certains événements, Who Killed Nancy (52′). Le coffret comprend également un CD intitulé Random, Cold and Dilettant Music, sélection élargie de titres issus de la scène nancéienne opérée par Otomo De Manuel. Un vent de liberté finalement moins cold que rafraichissant.

NATACHA TERTONE « Le grand déballage » réédition

(05/04/2024 – Nold Up / Believe – PIAS)

Paru en 2000, le premier et unique album de la lilloise avait reçu nombre d’éloges pour son mélange inédit de chanson sensible et ternaire, de rock bruitiste et d’electro lofi, s’ouvrant alors les portes des meilleurs festivals et d’une sélection au FAIR. Un espoir mystérieusement laissé sans suite… jusqu’à aujourd’hui, puisqu’elle remonte sur scène avec son fidèle complice Bruno Mathieu pour jouer ces chansons qui, des Cartes Postales à Tous ces moments, sont restées ancrées dans le cœur de ses premiers fans. Mais aussi pour jouer les titres d’un futur nouvel album ! En attendant, Le grand déballage ressort en CD « d’époque » ainsi qu’en version remasterisée en numérique avec une paire de bonus. Premières rencontres ou retrouvailles inespérées, elles seront fortes en émotion.

THE REED CONSERVATION SOCIETY « La société de préservation du roseau »

(02/02/2024 – Violette Records / Kuroneko)

Les orfèvres pop Stéphane Auzenet et Mathieu Blanc passent au français après trois EP anglophones. Avec le renfort entre autres de Yann Arnaud aux manettes et de l’étoile filante Natacha Tertone (sur La nage indienne et Le mont de piété), TRCS signe un premier album toujours marqué par une patte mélodique des plus habiles, et un goût pour les somptueux arrangements. Comme l’annonce la pochette de Sophie Lécuyer, la nature et l’eau sont omniprésents sur ce disque, s’inspirant de la peinture (Petit coefficient, Aux rochers rouges…), imaginant des histoires d’amour dans un monde en plein chaos (superbe premier single Pylônes), à distance (Le tamis, autre single de grande classe), parfois dramatiques sans jamais tomber dans le glauque (À cœur joie), invente une ‘murder ballad’ en VF (Molly), un blues foutraque (Saint-Elme dans le désert), et même une échappée vers l’aventure à travers un poste de radio (Laïka). Première classe, ça sonne pas mal non plus en français.

DAVID SCRIMA « Gardien de musée »

(19/01/2024 – Yum Yum Records / Believe)

Illustrateur reconnu aimant dessiner sur la musique, songwriter de longue date ayant eu pour « professeur de chansons » Hubert Mounier (L’Affaire Luis Trio), David Scrima a beaucoup écrit pour d’autres avant que Mark Daumail (Cocoon) parvienne à le convaincre de sortir ce premier album, l’aidant à choisir parmi les 260 titres accumulés (!). Et provoquant même l’envie d’en écrire d’autres, comme celui donnant son nom au disque. Sa pop francophone ligne claire distille souvent un peu de spleen (remarquable Comment ça va vite), parfois subtilement voilé d’un peu d’autotune (Gardien de musée / Gardien épuisé), une forme de fatalisme si serein et chaleureux qu’il en est réconfortant (Le bon côté des choses, On va tous mourir…), un peu de légèreté aussi (La vie sauvage, Le sublime, CBi1fé…), de la tendresse (Sasha), de la mélodie et de l’évidence (Rhino). Bref, tout ce qu’on aime dans la pop.

RUPPERT PUPKIN « Je liquide »

(05/01/2024 – Choke prod. / Inouïe Distribution)

L’emprunt de son nom à un personnage campé par De Niro témoigne de la proximité d’Emmanuelle Destremau aka Ruppert Pupkin avec le cinéma. Comédienne, scénariste, réalisatrice, elle a signé deux albums anglophones depuis 2015, mais celui de 2019 est un hybride entre musique et photo. Il faut donc un grand angle pour embrasser l’ensemble du tableau brossé par son travail artistique multiforme. Elle revient avec un nouveau disque où la nécessité d’écrire et de chanter parfois en français s’est naturellement imposée. Avec raison si l’on en juge entre autres par le premier single S’adonnent à la danse. Roadtrip à l’intérieur d’une mémoire intime ou collective, Je liquide est par essence et par volonté insaisissable, empruntant ici à l’electro ou la cold wave, là au rock et à la chanson, jusqu’à réussir les exercices toujours périlleux de la chorale de mômes (All the Roads) ou de la ballade piano voix (Ils savent). Une ode à la liberté de tout dire et de tout incarner. Ambigüe. Multiple. Liquide.

MANU LOUIS « Copy Club »

(29/09/2023 – Igloo Records / Socadisc)

Le Belgo-Berlinois imagine un monde Flou où chacun se verrait remplacé peu à peu par son Clone (1er single entêtant), où tout deviendrait tellement uniformisé que le seul îlot de résistance serait un vieux magasin de photocopies, car incapable de reproduire un original sans le changer. Lorsque Economy (autre single orienté dancefloor foutraque) et Ecology n’incitent qu’à s’enfuir, où se réfugier ? Avec ses quelques invités passant de l’Anglais au Français suivi d’une touche d’Espagnol, et recyclant sans vergogne chanson française, indie-pop, ou electro avant-gardiste, l’ex-Funk Sinatra propose au moins un petit moment d’échappatoire fort bienvenu, arty mais accessible, expérimental mais dansant.