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STATION 44 « Roads »

(06/12/2024 – 18heures48 / Baco Records)

One man band autant que vaste collectif, Station 44 se construit autour de Simon Penard-Philippe, jeune musicien d’Angoulême oeuvrant dans une dream pop bercée de subtiles influences dub. Ce premier album est une chronique du passage à l’âge adulte et du chamboulement qu’il peut représenter. Le doute et le flou qu’il n’est pas toujours simple de clarifier (Lover Instead), la confiance dans le temps pour résoudre les problèmes (In Time feat. La Malice et son incursion en français), la nécessité de trouver sa place mais le risque de se fondre dans la superficialité (Plastic Feels) : Station 44 déploie sur ce disque une palette à la fois vaste et cohérente, brouillant les échelles de l’intime et de l’universel pour nous emmener en douceur (Over The Shining Hill) au point exact d’où s’étend tout le champ des possibles…

GRÉGOIRE GERSTMANS « Hypnagogie »

(29/11/2024 – PIAS)

C’est comme si le piano indissociable de son enfance avait rappelé le Belge Grégoire Gerstmans à sa lignée : celle d’un grand-père ayant fondé une école de musique où il fit ses armes académiques, et d’un père à la fois altiste au Philarmonique Royal de Liège, et passant sa vie en tournée comme complice de Sheller entre autres. Un piano droit et sa sourdine, avec lequel il a cherché l’épure et non la perfection, car on entend souvent les touches, le souffle, la vie derrière les mots ou les images qui l’inspirent, depuis le joli titre de la pièce donnant son nom à l’album jusqu’à L’écorce du zèbre, en passant par la valse légère Sans brume et sa souriante nostalgie, les sensations qu’il a cherché à retranscrire dans Dust, Paradoxes et Aujourd’hui, ou la surprise finale de La mer

MAUVAIS SANG « La flore » EP

(22/11/2024 – Dagaanda / The Orchard)

Annonçant un diptyque dont le 2e album La faune constituera l’autre versant, cet EP propose un ensemble singulier où les tensions entre individualité et conformisme, entre liberté et danger, entre raccourcis simplistes des apparences et complexité de la réalité sont mis en lumière. Après les singles Seine et Modèle, on découvre la respiration et le moment suspendu constitué par Sybille et sa harpe, avant de retomber l’oppression hypnotique de Nuit venin évoquant le danger sournois des « piqûres » venant gâcher la fête. Réflexion sur des thèmes universels et vaste amplitude musicale allant de la pop aérienne et l’électro-noise la plus abrasive : Mauvais Sang s’affirme en prenant bien des risques. Dont celui d’être captivants.

MATT ELLIOTT « Drinking Songs Live 20 Years On »

(08/11/2024 – Ici d’ailleurs / L’Autre Distribution)

Depuis qu’il tourne dans toute l’Europe et même au-delà, le désormais franco-anglais a quasi toujours puisé dans les titres de son disque le plus emblématique, Drinking Songs.  De sa voix profonde appuyée par sa guitare acoustique et désormais son saxophone, c’est en trio avec la pianiste Barbara Dang et la contrebassiste Anne-Elisabeth De Cologne (souvent à ses côtés dans les mois qui viennent) qu’il a choisi de revisiter en live cet album clé. Un voyage à travers les recoins les plus inaccessibles de l’âme, une fenêtre ouverte sur des moments de douleur, de nostalgie et de réflexion. Si quelques titres n’ont besoin que de 4 ou 5 minutes pour nous emporter (What’s Wrong, What The Fuck Am I Doing On This Battlefield ?A Waste Of Blood), le trio étire aussi délicieusement que douloureusement le poignant naufrage du Kursk, ou enchaine comme parfois en concert deux titres pour les emmener au-delà du quart d’heure (C.F Bundy / Trying To Explain, The Guilty Party / Also Ran). Hors format peut-être, ce disque est surtout l’occasion de découvrir, ou redécouvrir comme si c’était la première fois, un artiste et un album hors normes.

NONSTOP réédition 2LP « J’ai rien compris mais je suis d’accord »

(08/11/2024 – Ici d’ailleurs / L’Autre Distribution)

Toujours aidé de son frère Richard ex-bassiste de Diabologum, Frédo Roman donnait en 2009 une suite à l’initiatique Road movie en béquilles, enfonçant dans le cercueil de son espoir le clou d’un hip-hop expérimental sombre, explosif et sarcastique, porté par son phrasé reconnaissable et ses textes surréalistes, aussi forts en formules chocs qu’écrasés de souffrance physique et mentale. Invité sur un titre (Robot à la viande) on retrouve logiquement Arnaud Michniak (qui naviguait alors avec Programme dans des eaux tout aussi troubles et pas très éloignées). Avec Henning Specht (Hypnolove) aux synthés, un troisième Diabologum à la réal et au mix (Denis Degioani), ce casting abrasif était complété sur quelques titres par Serge Teyssot-Gay (ex Noir Désir mais surtout Zone Libre), déjà friand de ponts entre rock et hip hop. Tout aussi obsédé par le corps et ce qui en sort, Stéphane Blanquet signait de nouveau un visuel saisissant et totalement raccord. Alors que NonStop publie cet automne un nouveau disque chez Petrol Chips (Alien au Pays des Aliénés), l’occasion était trop belle de rééditer ce deuxième album pour la première fois en vinyle. Et même en double LP, avec en face D six titres live captés en 2006 aux Eurockéennes de Belfort, lors de l’ultime concert de NonStop. Singulier, dérangeant, inégalé.

33e édition des ROCKOMOTIVES de VENDÔME

(26/10 au 02/11/2024 – Vendôme / 41)

Mêlant toujours artistes confirmés et jeunes pousses, le festival programme volontairement sur les mêmes scènes des propositions dont les publics sont supposés ne pas se mélanger, sauf à Vendôme bien sûr. Au programme cette année entre autres : des sensations live françaises (The Psychotic Monks, Gwendoline, Meule…), des « grands anciens » (Ludwig Von 88, Dee Nasty & DJ Vadim, Hint…), des artistes féminines en force (Jeanne Added, Clara Ysé, Nathalie Froehlich, Ellie James, Grife…), une belle délégation britannique (Gurriers, Alabaster Deplume, USA Nails, Porridge Radio…), mais aussi un large échantillon du riche catalogue de Figure Libres Records (Crénoka, GaBLé, OPAC, Jim Ballon, Bacchantes…). Entre autres !   

ORWELL « Simple Minded »

(25/10/2024 – Europop2000 – Hot Puma Records / Inouïe Distribution)

Avec son groupe Orwell ou son projet parallèle Son Parapluie, le Lorrain Jérôme Didelot est un artisan reconnu de la pop indé francophone depuis les années 2000. Il s’est parfois aventuré en anglais pour quelques reprises (le mini-album Sunny Songs For Winter à Noël 2020 entre autres), mais pas plus. Pourtant son nouveau disque est totalement anglophone, et pour cause, c’est dans la discographie de Simple Minds qu’il est allé puiser, plus précisément le début des années 80. Une période charnière et incroyablement productive pour la bande de Jim Kerr. Et qu’importe si Simple Minds n’a guère l’adhésion du monde indie : on aura tout intérêt à se pencher un peu sur ces quelques titres peu (Speed You Love To Me…) ou pas connus (20th Century Promised Land, Wonderful In Young Life), revus à la sauce Orwell. Du beau jeu, bien avant les stades…

NATACHA TERTONE & USMAR single « Tous ces moments – remix »

(18/10/2024 – Tekonosko / Believe)

Emblématique du premier et jusqu’ici unique album que la lilloise a re-sorti avec succès 24 ans après, Tous ces moments vient enfin d’être décliné en clip, d’autant plus touchant qu’il puise dans les vrais souvenirs en Super8 de sa famille. Il a maintenant droit à son remix, signé d’un autre nordiste au parcours riche (des découvertes de Bourges à son studio en passant par la mise en musique de nombreux spectacles) : Usmar. Sa vaste culture puisant dans le trip-hop, les BO ou le rap (US et français) lui a permis de trouver la bonne distance. Pour un « petit tourbillon » pas loin du mouvement perpétuel…

VICTOR LEE GABRIEL single « J’irai danser loin des pavés »

(17/10/2024 – Vibrations sur le Fil / Inouïe Distribution)

Sans repartir totalement de rien puisqu’il est resté un musicien de scène et de studio apprécié (aux côté d’Ycare notamment), Victor Lee Gabriel a décidé de filer s’installer au milieu de la forêt avec femme et enfants pour s’inventer une nouvelle vie. Avant qu’une terrible perspective ne s’annonce… Vivre sous cette ombre, sous cette épée de Damoclès, déceler la lumière, garder l’espoir malgré les plus sombres certitudes, continuer à danser tant qu’on peut, loin des pavés : il va nous raconter cela sur son premier album, avec la simplicité d’un folk-rock francophone sincère et habité, à l’instar de ce premier single…

IGNATUS single « L’ombre »

(15/10/2024 – Ignatub / Inouïe Distribution)

Après avoir repris Jean-Luc Le Ténia qu’il signa sur son label Ignatub (créé à la fin de son groupe Les Objets,) ignatus va enfin donner une suite à l’album [e.pok], largement salué à sa sortie en 2017. Dans un esprit proche du Détroit de Béring qui en était issu, on commence avec un premier extrait mélodique et poétique, porté par son clip sylvestre et aérien : l’ombre. Un piano, une voix et des sons mystérieux qui enveloppent, un titre écrit et composé dans le cadre d’un atelier dans un hôpital dédié aux soins psychiatriques. Une chanson qui soigne.