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BRNS « Celluloid Swamp »

BRNS « Celluloid Swamp »

(22/10/2021 – Yotanka / PIAS)

Après la parenthèse Namdose, les bruxellois sont de retour avec un album au visuel choc (signé Monsieur Pimpant), enregistré entre Brooklyn et la Belgique avec aux manettes Alexis Berthelot (Franck Ocean, Marc Ribot). Le processus créatif simplifié à l’extrême accouche de titres créés à l’instinct, sans barrière de style, s’autorisant cassures et surprises. C’est le cas par exemple sur le premier extrait Familiar (avec Carl des Hommes-Boites) ou le second, Suffer, brouillant habilement les frontières entre pop et R’n’B. Comme sur scène où sa réputation n’est plus à faire, le trio est renforcé par la touche féminine de Nele De Gussem, prenant le lead vocal sur Light Houses ou l’entêtant Off You Go Daddy qui vient clôturer ce « marais de celluloïd » où l’on aura plaisir à patauger. Avec l’insouciance et la vitalité de gamins qui s’amusent à sauter dans les flaques.

MENDELSON « Le dernier album »

MENDELSON « Le dernier album »

(15/10/2021 – Ici d’Ailleurs / L’Autre Distribution)

Pascal Bouaziz et sa bande à géométrie variable choisissent de mettre explicitement fin à une aventure à part qui aura duré un quart de siècle, littéraire et pourtant dotée d’une musicalité exceptionnelle, dure souvent, pince-sans-rire parfois, émouvante toujours. Il sera donc bientôt trop tard pour découvrir pourquoi et comment un groupe aussi « inconnu » a pu accéder au statut de « culte » de son vivant. La chanson Le dernier disque fait figure de manifeste pour cet ultime geste, auquel La dernière chanson vient quant à elle mettre un point final, avec de manière surprenante plus de gratitude que de regrets ou d’aigreur. Seulement cinq titres avec l’autobiographie amère et caustique mais aussi étrangement apaisée qu’est Les chanteurs, au contraire du poignant Héritage. Et avec Algérie, chanson-fleuve comme seul Mendelson en a, en avait le secret. Sans doute la pièce maîtresse de ce disque final, estocade bouleversante où Pascal Bouaziz parvient à mêler le propos très politique du précédent album avec le discours le plus intime d’une profonde nostalgie : comme dans 1983 (Barbara) son œuvre la plus célébrée, c’est quand il raconte sa propre histoire qu’il tutoie les sommets.

STRANDED HORSE « Grand Rodeo »

STRANDED HORSE « Grand Rodeo »

(17/09/2021 – Ici d’Ailleurs / L’Autre Distribution)

Que faire face aux derniers feux d’un monde qui s’éteint ? Si ce n’est, sans faux espoir, d’essayer de garder en vie cette lueur ? Kora en main, Yann Tambour nous propose la danse et la transe pour faire face à l’apocalypse qui semble se profiler. Avec ses trois complices Boubacar Cissokho, Sébastien Forrester et Miguel Bahamondès-Rojas (et Carla Pallone sur Le ciment sous nos pieds), il puise dans des héritages venus d’un large panel auquel après tout le terme « musiques du monde » pourrait convenir, celles de l’occident parmi beaucoup d’autres. En anglais ou en français, la forme peut se faire poignante (reprise du Thiely de L’Etoile de Dakar ou Sparks Turn To Stone) ou faussement plus légère (irrésistible Rumba du Trépas), ce sont là les chroniques de temps étranges, telles les couleurs chaudes et les flous kaleïdoscopiques d’un rêve tragi-comique où il nous faut bien avancer, fut-ce à reculons…

Festival HOP POP HOP 2021

Festival HOP POP HOP 2021

(17-18/09/2021 – Orléans)

En investissant un second lieu plein air le festival orléanais dédié à l’émergence musicale fut un des rares à pouvoir se maintenir en 2020. Même configuration cette année pour ce qui s’annonce comme un nouveau réveil, chaleureux et coloré. Avec entre autres Acid Arab (live), Dom La Nena, Johnny Mafia, Laetitia Shériff, Maxwell Farrington & Le Superhomard, Nto, Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp, SLIFT, The Cool Greenhouse…

FRANÇOIS JONCOUR – SONARS TAPES « Piling Underwater » (feat. Ned Crowther) single

FRANÇOIS JONCOUR – SONARS TAPES « Piling Underwater » (feat. Ned Crowther) single

(Music From The Masses / PIAS – 01/07/2021)

Issu du projet Sonars initié par la salle de concert brestoise La Carène et le laboratoire océanographique BeBest pour une rencontre entre Art et Science, l’album Sonars Tapes est le fruit du travail de François Joncour (I Come From Pop, Poing), toujours bien entouré. Comme sur ce superbe premier single où l’anglais Ned Crowther (The Fernweh) vient prêter sa voix aux interrogations face à « la beauté de la catastrophe », celle de l’impact sonore de l’activité humaine sur ce qu’on a trop longtemps eu tort d’appeler « le monde du silence »…

LUNATRAKTORS « The Missing Star »

LUNATRAKTORS « The Missing Star »

(25/06/2021 – Broken Folk Records / Inouïe Distribution)

Les anglais Carli Jefferson et Clair Le Couteur puisent dans le riche patrimoine folk anglo-irlandais pour l’adapter avec brio à une époque faite de trahisons politiques, de Covid-19, et pour eux de Brexit. Couple transgenre à la ville et duo à la scène, ils produisent avec leur bric à brac de percussions et instruments divers un écrin original et enthousiasmant pour leurs voix (4 octaves pour Clair), parcourant un impressionnant panel de sentiments et de personnages. D’une singulière relecture du Lover Lover Lover de Cohen aux convaincantes protest songs Rigs Of The Times et The Missing Star en passant par d’impressionnants a cappella (My Witch, The Blacksmiths), les Lunatraktors montrent de bonnes surprises peuvent encore venir d’Outre-Manche.

VERSARI « Brûle » ep

VERSARI « Brûle » ep

(24/06/2021 – TRec / Modulor)

Dans le prolongement de l’album Sous la peau paru au printemps 2020, le trio propose un radio edit de son titre le plus central, Brûle, évoquant cette façon dont il faut parfois faire table rase pour mieux repartir. En prime, deux superbes remixes signés de Gareth Jones (producteur au CV long comme le bras, de Depeche Mode à Nick Cave) et Erica Nockalls (dont Jean-Charles Versari a produit l’album), ainsi qu’une revisite maligne de Des images par School Daze. Et un somptueux clip pour Brûle avec Jean-Luc Verna, déclinant le graphisme signé du tatoueur Jean-Luc Navette…

/A\

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(18/06/2021 – Two Gentlemen / Differ-Ant)

Le principe même du « super groupe », additionnant les talents confirmés par ailleurs, a souvent mené des déceptions. Il est probable que les Suisses dérogent à la règle avec ce triangle composé du très respecté Franz Treichler leader de The Young Gods (sans doute le plus influent des groupes helvètes), de la révélation Emilie Zoé et de son batteur Nicolas Pittet. Deux générations et trois personnalités qui mettent en commun leur capacité hors norme à détourner le rock d’un chemin trop prévisible. Leur palette est large, l’obsédant premier single Grain Sand and Mud côtoyant aussi bien les longues plages de Our Love Is Growing ou de The Leaves que la mélancolie d’une ballade presque acoustique (I Count To Ten), un blues d’ailleurs (Hotel Stellar) ou de puissants sons de guitares (We Travel The Light, Fire In My Fingers). Qu’importent qu’ils sortent d’une six cordes ou d’un sampler.

THE REED CONSERVATION SOCIETY « EP3 » & coffret 3EP

THE REED CONSERVATION SOCIETY « EP3 » & coffret 3EP

(11/06/2021 – Microcultures / Kuroneko)

Le secret de cette Société de Préservation du Roseau n’est plus très bien gardé et tant mieux : en clôturant ici sa trilogie d’EP, la formation emmenée par Stéphane Oz Auzenet achève une belle carte de visite, faite d’érudition pop et d’arrangements soignés. On découvre ici de nouveaux portraits de grandes femmes trop ignorées de l’Histoire avec Miss Kellerman et Paulita Maxwell, des voix féminines s’invitent également, celle d’Alma Forrer sur ce dernier, ou celle de la prometteuse Lonny sur le premier single Holy Mood. Notons que sort en même temps un fourreau permettant de ranger les 3 EP, le dernier en date se voyant de nouveau illustré par une peinture de Barbara Chwast. Bel objet, somptueux contenu.