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JO VAGUE « Vague » ep

(18/04/2025 – SonVague)

Le jour, Julie Roué est une des rares compositrices françaises à avoir fait sa place sur les écrans (La fille de son père, Zorro, Le monde n’existe pas… – BO primée à Séries Mania). La nuit elle devient Jo Vague, chanteuse hantée par les désirs et les angoisses de notre époque. Celle qui a « quitté Brest » pour devenir ingé son après le conservatoire s’est éprise de synthés : sur une electro-pop puissante et inventive, elle pose une voix intimiste qui lui permet de se glisser dans la peau de ses personnages. Son premier EP observe d’un côté  un monde en perdition, avec la canicule de Halftrack ou la déclaration d’amour que constitue Nous de feront pas d’enfant en ces temps incertains, tandis que le second single Jane déconstruit les repères de la chanson d’amour. De l’autre côté pourtant, mieux vaut en rire comme sur Superflex dont on se prend à siffloter la ritournelle maligne, et puis laisser parler ses sens presqu’animaux sur le dancefloor avec No Disco. L’humour et la danse comme remèdes au vague à l’âme.

MIDORI HIRANO & CoH « Sudden Fruit »

(04/04/2025 – Mind Travels – Ici d’Ailleurs / L’Autre Distribution)

Basée à Berlin, la pianiste japonaise Midori Hirano s’associe au musicien électronique russe Ivan Pavlov alias CoH, proche de la galaxie Coil, désormais installé en France après un long séjour en Suède. Toujours illustré par un somptueux visuel signé Francis Meslet, Sudden Fruit est une nouvelle pièce du passionnant puzzle que construit la collection Mind Travels depuis quelques années déjà au service des musiques de traverse, permettant ici de jeter un nouveau pont entre la frange néo-classique de son catalogue et le pan expérimental/ambient de son territoire. En ouverture, Wave to Wave incarne à merveille le subtil équilibre entre organique et digital élaboré par le duo. Jamais envahissantes, les textures sonores de CoH offrent au propos une puissance narrative surprenante, tandis que le sens mélodique d’une Midori Hirano à la large palette joue des silences comme sur Mirage Memories.  Ombres, échos, gravité, disparition, retour, fleurs, vagues… : les titres de chaque pièce évoquent sans cesse le lien intime entre évanescences et éclosions, comme chacune donne sens à l’autre, comme les basses fréquences investies par CoH soutiennent les notes aériennes de Midori Hirano…

JÉRÔME MINIÈRE « Le sourire » single

(21/02/2025 – Autoproduction)

Entre deux albums (le prochain arrive début 2026), le franco-québécois nous envoie tout simplement une petite carte postale de Montréal en forme de chanson douce-amère comme peu savent en faire aussi bien : une invitation à garder le sourire et à le partager en cette période incertaine et chaotique, délivrée par Jérôme Minière, improbable « coach » de cette ritournelle au refrain contagieux. La délicatesse d’un sourire est aussi un acte de résistance.

JO VAGUE « Superflex » single

IGNATUS « Dans les virages »

(07/02/2025 – Ignatub / Believe – Inouïe Distribution)

En dehors d’un album de reprises de Jean-Luc Le Ténia (qu’il signa sur son label), ignatus n’avait pas sorti de disque depuis le fort apprécié [e.pok] en 2017. Hyperactif entre ateliers d’écriture, création de haïkus, production (Orianne Lacaille), Jérôme ‘ignatus’ Rousseaux a nourri son nouvel album de son goût pour une recherche permanente, une chanson aventureuse et friande de fertiles collisions. Voire même adepte de création sous contrainte et d’expérimentation. Après la poésie de L’ombre, on découvrira les images surréalistes de Château mou servi par un piano préparé, trafiqué comme la guitare de Souffle qui joue à répéter les mots d’un couplet à l’autre, alors qu’on tend l’oreille au texte caché derrière celui de Et toi. Il puise aussi bien son inspiration dans une histoire vraie (comme Mes mots avec Isabelle Nanty et sa grave légèreté), un article de journal (Ici c’est bien), que dans une photo curieuse (Elle tricotait) ou une peinture (Peut-être lui). Sa palette à lui est large, on traversera bien des paysages en s’accrochant pour suivre le toujours surprenant ignatus dans les virages

ZËRO « Datapanik in the Year Zëro » compilation numérique

(10/01/2025 – Ici d’ailleurs / Alter-K Distribution)

Né sur les cendres des précurseurs noise/post-rock Deity Guns / Bästard puis Narcophony, le groupe Lyonnais Zëro avait enchainé de 2006 à 2018 des albums largement salués, avant d’être essentiellement occupé sur scène comme backing band de luxe pour Virginie Despentes et Béatrice Dalle (rejointes dernièrement par Casey). Eric Aldéa et ses complices annoncent un nouvel album pour septembre, cette compil’ permet donc non seulement de revenir sur les points saillants de leurs disques (y compris le mini-album Places Where We Go in Dreams avec la perle Uprising, et l’étonnant 45 tours de reprises de James Brown Superbad), mais aussi de savourer une version live de Fast Car enregistrée à la Gaîté Lyrique, et même de découvrir un inédit qui prendra place sur le nouvel album, Boogaloo Swamp

FAÏENCE « Tendance » ep

(13/12/2024 – Human Sounds / IDOL)

L’un vient d’Épinal, l’autre de Rouen, mais c’est en Belgique qu’ils se sont rencontrés il y a déjà quelques années : Julien Bouchard était venu assurer la première partie du groupe où Médéric ‘Med’ Gontier est guitariste (Tahiti 80). Ils partagent un goût commun pour le son des 90s, de Teenage Fanclub à Dinosaur Jr, mais l’envie déjà accomplie d’écrire en français. Même s’il répète « J’ai tendance à me perdre », on se retrouvera vite dans leur premier single, avant d’aller explorer un EP qui assume son côté pop, du spleen souriant de Suis moi à la promesse de la démo Askip, en passant par le shoegaze frenchie de De fou et la mélodie sucrée offerte par les Dents longues. Avec une telle carte de visite, ils peuvent les avoir.

STATION 44 « Roads »

(06/12/2024 – 18heures48 / Baco Records)

One man band autant que vaste collectif, Station 44 se construit autour de Simon Penard-Philippe, jeune musicien d’Angoulême oeuvrant dans une dream pop bercée de subtiles influences dub. Ce premier album est une chronique du passage à l’âge adulte et du chamboulement qu’il peut représenter. Le doute et le flou qu’il n’est pas toujours simple de clarifier (Lover Instead), la confiance dans le temps pour résoudre les problèmes (In Time feat. La Malice et son incursion en français), la nécessité de trouver sa place mais le risque de se fondre dans la superficialité (Plastic Feels) : Station 44 déploie sur ce disque une palette à la fois vaste et cohérente, brouillant les échelles de l’intime et de l’universel pour nous emmener en douceur (Over The Shining Hill) au point exact d’où s’étend tout le champ des possibles…

GRÉGOIRE GERSTMANS « Hypnagogie »

(29/11/2024 – PIAS)

C’est comme si le piano indissociable de son enfance avait rappelé le Belge Grégoire Gerstmans à sa lignée : celle d’un grand-père ayant fondé une école de musique où il fit ses armes académiques, et d’un père à la fois altiste au Philarmonique Royal de Liège, et passant sa vie en tournée comme complice de Sheller entre autres. Un piano droit et sa sourdine, avec lequel il a cherché l’épure et non la perfection, car on entend souvent les touches, le souffle, la vie derrière les mots ou les images qui l’inspirent, depuis le joli titre de la pièce donnant son nom à l’album jusqu’à L’écorce du zèbre, en passant par la valse légère Sans brume et sa souriante nostalgie, les sensations qu’il a cherché à retranscrire dans Dust, Paradoxes et Aujourd’hui, ou la surprise finale de La mer

MAUVAIS SANG « La flore » EP

(22/11/2024 – Dagaanda / The Orchard)

Annonçant un diptyque dont le 2e album La faune constituera l’autre versant, cet EP propose un ensemble singulier où les tensions entre individualité et conformisme, entre liberté et danger, entre raccourcis simplistes des apparences et complexité de la réalité sont mis en lumière. Après les singles Seine et Modèle, on découvre la respiration et le moment suspendu constitué par Sybille et sa harpe, avant de retomber l’oppression hypnotique de Nuit venin évoquant le danger sournois des « piqûres » venant gâcher la fête. Réflexion sur des thèmes universels et vaste amplitude musicale allant de la pop aérienne et l’électro-noise la plus abrasive : Mauvais Sang s’affirme en prenant bien des risques. Dont celui d’être captivants.